Le maire de Douala met la SMID sur la touche et tente de lever 150 milliards de FCFA via la Beac

La Communauté urbaine de Douala (CUD), la super-mairie de la capitale économique du Cameroun, va tenter de lever une enveloppe de financements de 150 milliards de FCFA sur le compartiment des titres de créances négociables (TCN), mis en place par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), a annoncé le journal Ecomatin, citant le maire de la ville de Douala, Roger Mbassa Ndine (photo). « Nous nous sommes rapprochés de la banque centrale pour vérifier si la Communauté urbaine de Douala pouvait être éligible au marché, afin d’accélérer un certain nombre de travaux. La banque centrale nous a certifié et garanti que cette démarche est bel et bien possible et attendue », explique l’édile de la capitale économique camerounaise. 

Instruments financiers permettant aux grandes entreprises, aux banques, aux trésors publics nationaux et leurs démembrements, puis aux investisseurs institutionnels (compagnies d’assurances, fonds de pension…) de se prêter de l’argent entre eux, les TCN, assortis d’intérêts, sont généralement émis sur un marché réglementé (BEAC) ou de gré à gré, pour une maturité déterminée. Depuis l’adoption de son cadre juridique par le comité de politique monétaire de la BEAC, en décembre 2014, ce compartiment du marché des titres publics de la Beac est plutôt atone. La CUD devrait donc être l’un des pionniers sur ce marché.

Au demeurant, en décidant de lever elle-même les financements pour ses projets d’investissements, la super-mairie de la capitale économique camerounaise met sur la touche la Société métropolitaine d’investissements de Douala (SMID), mise en place en 2018 par Fritz Ntone Ntone, le prédécesseur de Roger Mbassa Ndiné à la tête de la CUD. La SMID, qui avait pu lever 5,4 milliards de FCFA sur les 10 milliards sollicités pour constituer son capital social, ambitionnait, à terme, de mobiliser une enveloppe globale de 1400 milliards de FCFA pour la construction de certaines infrastructures dans la ville de Douala.

Mais, depuis le changement intervenu à la tête de la CUD en 2020, avec l’arrivée de Roger Mbassa Ndiné, une bataille pour le contrôle de cette société s’est déclenchée, le nouveau maire de la ville réclamant le poste de président du Conseil administration, encore détenu par son prédécesseur. Cette lutte de leadership, qui joue désormais les prolongations devant la justice, a débouché le 31 mars 2021 sur une résolution du Conseil de communauté qui constate la faillite de la SMID, et enjoint le maire de tout mettre en œuvre pour défendre les intérêts de la CUD, dont les engagements dans la SMID s’élèvent à environ 2,5 milliards de FCFA.

C’est dans ce contexte de bruits de vaisselles, rarement affectionné par les investisseurs, que la CUD se prépare à lever 150 milliards de FCFA sur le marché monétaire. Cette opération est sans rappeler celle effectuée en 2005 par Edouard Etondé Ekotto, lui aussi délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Douala à l’époque. À travers CUD finances, une filiale financière montée par la super-mairie de Douala, cette structure avait lancé sur le marché financier local un emprunt qui avait débouché sur des accusations de détournements de 5 milliards de FCFA, que la justice n’avait finalement pas pu établir au bout d’une longue procédure judiciaire.

Brice R. Mbodiam

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